Nuit désordre

«Ne me révèle surtout pas ton oracle. Je veux subsister dans le noir, la nuit, je veux tourner dans le carrousel, m’étourdir à force de fléchir, froisser, je veux éventer mes chaleurs intolérables en agitant nos textes-éventails sous ma nuque.»

Après s’être aventurées dans la pluralité du quotidien avec L’almanach des exils (Marchand de feuilles, 2009), Isabelle Décarie et Stéphanie Filion explorent dans Nuit désordre les nombreuses figures du désir. Avec cet essai-dialogue, elles oscillent entre réticence et indécence pour poser des questions fondamentales sur l’écriture du dévoilement: à qui peut-on tout raconter, avec qui peut-on nommer l’effroi qui accompagne les situations limites et même remuer le sol abject qui couvre la face négative du désir? À partir d’expériences tantôt insolites, tantôt familières, les autrices cherchent ensemble la langue qui saurait capter les tonalités de la nuit et révéler, entre les plis de ce texte-leporello, la chambre la plus créative pour penser ces petites révolutions de l’intime. Nuit désordre est à lire comme un chuchotement.