Kippour

Qu'est-ce qui pousse Zaccharias Lemieux à s'enfermer dans une synagogue de Montréal pendant toute la durée de la célébration du Grand Pardon? Pourquoi a-t-il voulu y amener ses fils? Spécialiste de la maladie d'Alzheimer, sujet lui-même à toutes les manifestations de l'anxiété, ce psychiatre n'est pas aussi fragile qu'il le paraît. Ses mains tremblent, son corps vacille mais sa volonté ne plie pas. Au mitan de sa vie, l'heure est venue de répondre à certaines questions. Autour de lui, la petite communauté juive prie, chante et jeûne, échangeant tantôt des confidences, tantôt des commérages. Certains se recueillent, d'autres rêvassent, saluent au passage une vague connaissance, les hommes lorgnent du côté des femmes. Le jour du Kippour, les souvenirs s'agitent. Les rites séculaires apaiseront-ils les inquiétudes?

Zak n'est pas pressé. Il s'est rassis sur son siège. Sa tête est pleine d'images et de sons. L'écho du chofar blessé ne le lâche pas. Le staccato final en particulier. Non, ce n'était pas la première fois. S'il espérait sortir guéri de cette journée d'expiation, c'est raté. Kippour n'est pas une thérapie, on n'y rachète que ses mauvaises actions.

Psychiatre et philosophe, Marc-Alain Wolf a déjà publié trois essais: Quand le mysticisme mène à la folie (MNH, 1998), Quand Dieu parlait aux hommes (Triptyque, 2004), paru en France sous le titre Un psychiatre lit la Bible (Les Éditions du Cerf, 2005), et Dialogue avec le sujet psychotique (Triptyque, 2005). Kippour est son premier roman.