Anna de Noailles : Coeur innombrable

Grand poète et femme du monde, première femme Commandeur de la Légion d’Honneur, première femme élue à l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, Anna de Noailles fut l’égérie de toute une génération. Rendue célèbre soudainement en 1901, à l’âge de vingt-cinq ans, par la publication d’un premier recueil de poèmes, Le cœur innombrable, la muse au verbe étincelant dont les salons parisiens s’arracheront les faveurs fut comblée de gloire et d’honneurs jusqu’à sa mort en 1933. On croyait tout savoir de cette femme qu’une verve et un talent inépuisables avaient haussée en son temps à la dimension de légende. On a beaucoup parlé d’elle, de ses amours, de ses passions, de ses vanités. Elle n’a pourtant presque rien livré d’elle-même à la curiosité parfois corrosive d’admirateurs trop zélés. À travers une correspondance très dense échangée avec toutes les personnalités de son temps autant qu’avec les plus humbles de ses lecteurs et tous ceux qui ont partagé son intimité, on découvre un nouveau visage d’Anna de Noailles. Elle apparaît dépouillée des artifices dont elle savait user pour voiler une pudeur extrême. Fascinée par la gloire, hantée dès la plus petite enfance par la souffrance et la mort, Anna de Noailles vouait à ceux qu’elle aimait une fidélité et une tendresse passionnées, disant volontiers que l’amitié était son «second métier». Elle sut réunir dans la même amitié sans partage, avec une ouverture d’esprit et une intelligence rares, l’admiration de personnalités aussi différentes que Colette et Georges Bernanos, François Mauriac et Paul Valéry, Charles-Louis Philippe et Marcel Proust, Maurice Barrès et Léon Blum, Jean Cocteau, Catherine Pozzi ou Marina Tsvétaeva. 

Évitant les risques de l’interprétation hagiographique et la sécheresse d’un volume de correspondances, ce livre trace dès l’abord le portrait d’une femme hors du commun, qui porte un regard inoubliable sur une des périodes les plus riches de la littérature française.